La « continuité pédagogique » consiste à entretenir un lien entre l’école, la famille, l’enfant et les apprentissages. Entretenir un rythme, des habitudes de travail bénéfiques en période de confinement et pour la poursuite de la scolarité. Cependant, l’exercice de cette continuité ne sous entend pas transformer chaque maison en classe, chaque parent en enseignant.
Les droits du lecteur de Daniel Pennac réinventés
Le droit de ne pas travailler.
Le droit de ne pas mettre toute la maison au travail, à toute heure et à tous moments, même pour le travail scolaire. Le temps de la classe, organisé, structuré, pensé à chaque instant comme un temps d’apprentissage, n’est pas possible à la maison.
Le droit de sauter des pages.
Le droit de sauter des pages et même des exercices. Vous êtes les premiers éducateurs de vos enfants, encore plus aujourd’hui, quotidiennement. Il a compris, inutile de multiplier les exercices il sera temps d’y revenir plus tard pour mesurer la réussite de l’apprentissage. Il peine ? Ne faites pas du travail scolaire un enjeu dans votre relation, source de tensions, voire de conflits.
Le droit de ne pas finir un programme.
Peut-être que vous n’arriverez pas à tout faire, et votre enfant non plus. Entre vie quotidienne, gestion des fratries, télétravail et vie personnelle, on se déculpabilise. Le confinement risque de durer. Vous trouverez bien un autre moment, un autre moyen, la bonne fenêtre de tir pour atteindre l’objectif. Votre enfant et vous–même devez être disponibles. Prenez rendez-vous !
Le droit de relire et de se tromper.
Personne ne réussit du premier coup. Sans erreur, aucun apprentissage. Aussi, mieux vaut reprendre un exercice ou une activité qui ont posé des difficultés à votre enfant, sans acharnement, le lui proposer à un autre moment, y revenir. Et pourquoi ne pas refaire aussi une activité qui a plu, la ressasser à l’envi. Les plus jeunes en raffolent.
Le droit de travailler n’importe quoi.
En cette période de confinement, la maison, la famille, plus que jamais peuvent apporter du sens aux apprentissages scolaires. Toute activité peut être occasion d’apprentissage même si cela paraît loin de l’école : cuisine, bricolages, jeux de société… Rien de très neuf en somme.
Le droit de travailler n’importe où.
En période de confinement, dans un espace restreint, merci du conseil me direz-vous ! Evidemment qu’un temps structuré d’écriture nécessitera un bureau ou une table, mais après cela… Certains mémoriseront aussi bien dans un fauteuil, sur leur lit, assis par terre. Il en va de même de la lecture qui ne se vit pas de la même façon assis sur une chaise ou confortablement installé dans un canapé ou sur un coussin, dans un hamac pour les plus chanceux.
Le droit de grappiller.
Urgent ! Faites confiance à votre enfant. S’il rechigne c’est qu’il sait très bien où se situe sa zone de confort et là où la difficulté résiste. Mieux vaut multiplier les occasions de fréquenter cette difficulté à petite dose, régulièrement plutôt que d’affronter un mur. Multiplier les supports, varier les plaisirs. Le confinement va durer et sans doute vaut-il mieux être fourmi que cigale. Un petit effort, chaque jour adapté et régulier plutôt qu’une débauche de travail jusqu’à l’écœurement, pour vous et pour votre enfant.
Le droit de travailler à haute voix.
Vous connaissez vos enfants contraints sur une chaise à l’école, six heures par jour et pourtant ! Oui, l’un d’entre eux mémorise son vocabulaire en marchant, une autre sa poésie en chantant et le troisième vient de sauter trois fois par dessus le canapé avant de réciter sa leçon impeccablement tout en faisant le poirier sur les coussins du salon. Il faut l’accepter ! Les kinesthésiques sont ceux qui souffriront probablement le plus du confinement.
Le droit de me taire.
Nous les enseignants, disposons de tout un tas de recettes sur une quantité de sujets éducatifs et pédagogiques. Infatigables prescripteurs pour le bien de nos élèves. Ne vous improvisez pas enseignant, vous y laisserez votre santé et risquez de dégrader la relation avec votre enfant. Ecoutez-vous, écoutez-le et n’hésitez pas à prendre quelques libertés avec l’excellent travail fourni par les enseignants en ces temps de confinement. Prenez soin de vous ! Allez, silence ! J’arrête de parler, au boulot !